By Jonathan O’Callaghan from NYT Science https://ift.tt/cS8ridg via IFTTT
Le terme kupferschiefer est un mot d’origine allemand. Il
désigne un niveau stratigraphique, de shale bitumineux riche en Cu, du Permien
supérieur (= Zechtein allemand) de l’Europe centrale et occidentale. A cette
définition stratigraphique s’est superposée une définition métallogénique ; «
gisement type kupferschiefer » en raison de la concentration du cuivre dans des
niveaux de shales noirs.
Le kupferschiefer ou shale cuprifère ou tout simplement
schiste cuprifère renferme aussi des concentrations importantes de Pb, Zn, Ag,
Co…, et malgré l’importance de ces éléments, en garde l’appellation cuprifère
vu l’importance économique et historique du Cu dans ce type. Le type désigne
donc la concentration de métaux lourds Cu, Pb, Zn, Ag, Co,… dans des shales
riches en matière organique.
Les gisements les plus célèbres se rencontrent au sein de
deux provinces ; le Kupferschiefer d’âge Permo-Trias en Europe et le Shaba d’âge
Protérozoïque à la frontière R.D.C (ex-Zaïre)/Zambie.
Les gisements type « schistes cuprifères » produiraient 27%
du cuivre mondial. La teneur moyenne d'exploitation est élevée (2,4% Cu). Les
mines du Shaba représentent à elles seules 20% du cuivre et les 70% du cobalt
dans le monde (réserves 150 Mt Cu, 8 Mt Co).
Les minéralisations apparaissent dans les bassins
intracratoniques en extension. Elles sont connues après l'Archéen, en
particulier à la fin du Paléozoïque. Les minéralisations généralement très
concordantes, se situent dans des séries transgressives, au passage entre des
niveaux oxydants, rouges et des niveaux réducteurs, riches en soufre et/ou en
matière organique. Les concentrations se situent près des paléoreliefs.
Dans la province métallifère du RDC-Zambie, 36 mines
forment une ceinture de près de 520 km de long, entre le Sud-Est du Zaïre et le
Nord de la Zambie et représente 20% du cuivre et les 70% du cobalt dans le
monde (réserves 150 Mt Cu, 8 Mt Co). Des gisements de type « shales cuprifères
» existent aussi dans le NW des Etats Unis et au Canada (Province d'Alberta et
Colombie britannique).
Shales cuprifères de l’Europe
Le Kupferschiefer de l'Europe correspond à des gisements
stratiformes de cuivre encaissés dans des shales du Permien supérieur
(districts du Mansfeld et du Lubin). La minéralisation est associée à la
transgression permienne. Elle apparaît au contact entre les grès du
Rotliegendes et les évaporites et carbonates du Zechstein. Il s'agit d'un mince
niveau (60 cm) de schistes calcareux et bitumineux marins. Ce niveau est connu
de l'Angleterre à la Pologne, soit sur 600 000 km2, mais il n'est
exploitable que sur 0,2% de sa superficie, en bordure méridionale du bassin du
Zechstein. Il a produit plus de 2 Mt Cu à des teneurs de 1,5% Cu.
Au Permien supérieur (Zechstein), l’Europe centrale et
occidentale correspond à un bras de mer qui s’ouvre vers le Nord (Fig.1). Il
s’agit d’un bassin peu profond et euxinique (faible communication avec la mer
libre), comportant des îles, de nombreux golfes fermés et des lagunes.
L’absence de circulations verticales interdit le renouvellement des eaux
profondes, donc l’oxygénation, ce qui confère au bassin un caractère réducteur
; conservation de la matière organique qui s’accumule sur le fond.
Figure (1) : (a) : Extension
des dépôts marins du Zechstein en Europe (Permien). D'après Wyzykowski (1971)
et Rentzsch (1974) (simplifié, in Routhier 1980). 1 : Limites des dépôts marins
du Zechstein ; 2 : Principaux districts cuprifères : Ma = Mansfeld, Lu = Lubin.
(b) : Succession lithologique dans le Permien du Mansfeld (d’après Rentzch,
1974, in Routhier, 1980). 1- anhydrite, 2 : dolomite, 3- calcaire, 4- shales
cuprifères, 5- minéralisation exploitable, 6- grès, 7- faciès hématitique (Rote
faule), 8- limite entre faciès réduit et faciès oxydé.
Le Permien supérieur, support de la minéralisation, arrive
en transgression sur le Permien inférieur et le socle hercynien. Le Permien
inférieur formé de conglomérats et des grès est surmontés par un niveau peu
épais (0,50 m environ) de marnes à gypse et anhydrite, riche en bitumes et
renfermant des sulfures de cuivre (shale cuprifère). Les couches de dessus sont
des carbonates (dolomies, calcaires), puis des évaporites (anhydrite, halite)
(Fig.1).
La succession
lithostratigraphique du kupferscheifer de Mansfelf est donnée en figure (2).
L'épaisseur du niveau minéralisé est très faible en regard de son extension
considérable (0.5 m de puissance pour une extension de plus de 1500 km) ce qui
suggère un bassin très plat et une subsidence faible et régulière. Le contexte
de mise en place est donc celui d’une plate-forme continentale ou épicontinentale
stable.
Puissance (cm)
|
Lithologie
|
|
Schawarge Berge
|
12 à 17
|
marnes plus ou moins
argileuses peu bitumineuses
|
schieferkopf
|
10 à 12
|
même composition, mais un
peu plus riche en Cu
|
Kammschale
|
3 à 4
|
même composition, mais très
bitumineux
|
Grobe Lette
|
6 à 9
|
argilite calcaire et
sableuse, très bitumineuse
|
Feine Lette
|
2 à 4
|
argile impure à sableuse,
très bitumineuse
|
Fig.(2) : La succession
lithostratigraphique du kupferscheifer de Mansfelf (Eisenhuth et Kautsch, 1954).
Des zones rubéfiées (hématitique), appelées « Rote Faule »
(Fig. 14b), sont interprétées soit comme des îles, soit comme l’ancien littoral
qui correspondraient à des zones parcourues par des eaux continentales
oxydantes.
La composition minéralogique moyenne du kepfersckiefer,
donnée en tableau (1), montre une très faible proportion des minéraux
terrigènes. Cette particularité témoigne que sur le continent l’altération
chimique l’emporte très largement sur l’érosion mécanique.
La minéralisation se présente sous forme de minces lits
stratiformes de sulfures (Cu, Zn, Pb et Ag)
dans les shales. La partie exploitable des shales n'est épaisse que
d'une vingtaine de centimètres environ.
Quartz
|
5%
|
Feldspaths
|
7%
|
Calcaire, dolomite, gypse,
anhydrite
|
41%
|
kaolin
|
5%
|
Séricite
|
2%
|
Substances carbonées
|
9%
|
Gel siliceux
|
29%
|
Sulfures métalliques
|
2%
|
Tab. (1) : Minéralogie du
kepfersckiefer
L’association paragenétique est composée de pyrite,
bornite, chalcocite, chalcopyrite, galène, sphalérite, argent natif. Les
teneurs en Cu métal peuvent dépasser 6%. La teneur minimale d’exploitation est
de 1.5 %.
Les parties les plus riches de la couche exploitée sont
situées en domaine réducteur, à faible distance des faciès hématitiques
(Fig.13b), par conséquent à proximité de l’ancien littoral. Plus loin, vers le
large, les teneurs en Cu diminuent mais la couche minéralisée s’enrichie en Pb
(galène) et en Zn (sphalérite) : il existe donc une zonalité horizontale de la
minéralisation. Cette zonalité s’explique par la solubilité des sulfures et par
la chalcophylie des métaux (affinité vis à vis du soufre).
La solubilité :
Cu2S =
7 10-21
PbS
= 17 10-19
ZnS
= 4.5 10-4
La
chalcophylie : Cu, Pb, Zn,
Fe.
Si l’on considère un apport métallique constant venant du
continent, en arrivant dans le bassin, les métaux dont les sulfures sont les
plus insolubles (Cu, Ag) précipitent en premier dans la zone externe. Les
sulfures les plus solubles précipitent vers le large (Pb, Zn).
La zonalité verticale s’exprime par une diminution du Cu et
Ag du bas en haut au profit d’une augmentation de Pb puis Zn. Cette zonalité est le reflet de la zonalité
horizontale qui se décale (se déplace) dans le temps en raison du caractère
transgressif du milieu. Elle confirme que les minéralisations correspondent à
un faciès de bordure d’un bassin à caractère transgressif.
La minéralisation est portée par des sédiments détritiques
très fins (argile calcareux), déposés dans un bassin de sédimentation, à la
limite paléogéographique bassin sédimentaire - terre émergée. Le dépôt des
métaux serait contemporain à la sédimentation, avec une évolution minéralogique
au cours de la diagenèse. Dans la couche minéralisée, les teneurs en bitume (et
donc en carbone organique) présente une corrélation positive avec les teneurs
en cuivre, ce qui permet d’envisager un piégeage du cuivre par des composés
organiques au moment de la sédimentation, le cuivre est susceptible également
d'être piégé par des argiles.
La sulfuration des métaux est réalisée par réduction
bactérienne des sulfates au cours de la diagenèse. Les sulfates des eaux du
bassin sont réduits par les bactéries anaérobies en utilisant de la matière
organique présente et libèrent ainsi du soufre (H2S).
Les métaux concentrés dans le kepfersckiefer proviennent du
lessivage du continent (socle hercynien et Permien inférieur) émergé et qui
contient de très nombreuses occurrences de métaux lourds, voir des
concentrations économiques en Cu, Pb… (filons de Pb, Zn et Cu hercyniens,
Red-bed du Permien inférieur, laves anomaliques en Cu du Permien inférieur).
Leur transport a pu s'effectuer par des eaux superficielles ou par des nappes
souterraines.
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