By Jonathan O’Callaghan from NYT Science https://ift.tt/cS8ridg via IFTTT
Le terme red-bed en métallogénie sédimentaire s’applique à
des concentrations en Cu, Pb, Zn, U, F… en milieu détritique. La minéralisation
forme le ciment de sédiments détritiques à grains plus ou moins grossiers ;
grès, conglomérats, arkoses, grauwacks etc (Fig. 2). Elle se présente sous
forme de lentilles ou d'amas stratiformes pénéconcordants dans des niveaux
décolorés (gris, vert etc) au sein des séries rouge (Fig.1). Certains auteurs
préfèrent utiliser les dénominations de grès, conglomérats, arkoses…
plombifères, cuprifères, zincifères, plombo-zincifères etc. D’autres parlent de
gisements pénéconcordants dans des sédiments détritiques grossiers
continentaux.
Fig. (1) : Niveaux verts réducteurs au
sein d’une formation détritique rouge.
Fig. (2) : Aspect
microscopique de la minéralisation type red-bed : grains de quartz (gris)
cimentés par galène
(blanc) (Gisement de Largentière).
Le contexte de mise en place et celui des séries de
couverture déposées dans des bassins continentaux ou épicontinentaux peu
profonds.
Ce type de gisements constitue des ressources très
importantes en Pb, Zn et Cu. Comme exemples, nous citons, le gisement suédois
de Laisvall qui a été le plus important d'Europe (80 Mt de minerai à 4% Pb-Zn),
les gisements des Cévennes françaises (Largentière, St Sébastien
d'Aigrefeuille), le gisement de Zeïda (Maroc) (300 000 t à 3% Pb-Zn) et le
gisement Mechernich (Allemagne) (5 Mt à des teneurs de 1.5 % Pb). Ces gisements
sont encaissés dans des grès transgressifs sur un socle (Cévennes,
Haute-Moulouya …). Les grès peuvent témoigner d'un environnement détritique
fluviatile. Les minéralisations sont globalement stratiformes, formant souvent
des chenaux. Elles se localisent dans la zone de contact entre des eaux
continentales douces et oxydantes et les eaux marines réductrices.
Gisement
de Largentière (France) (d’après Foglièrini et al., 1980) (Fig. 3)
Le gisement de Largentière est situé au SE du massif
central français (Fig. 3). La minéralisation est encaissée dans les premiers
termes détritiques de la transgression mésozoïque (Trias) sur le socle permien . Les réserves sont estimée à 10 Mt de minerai à 3.8 % Pb, 0.75 % Zn et
80 g/t Ag. L’association paragenétique est constituée de galène, sphalérite,
chalcopyrite, pyrite et sulfosels d’argent. Pour expliquer la genèse de ce
gisement, Samama (1968, 1969) a proposé
le modèle syndiagénétique : le dépôt de minerai est à la fois contemporain
et postérieur au dépôt de la rochesupport.
Fig. (3) :
(a) : Les grandes unités géologiques de France. Localisation du gisement de
Largentière. (D’après Foglièrini et al., 1980). (b) : Relation entre les
ensembles hercyniens, carbonifères, permiens et triasiques du bassin de
Largentière. (D’après
Foglièrini et al., 1980)
La minéralisation se présente en lentilles d’imprégnations
diffuses de sulfures dans des arkoses. Ces lentilles sont pénéconcordantes au
sein de l’ensemble gréseux-argileux supérieur du terme détritique de base du
Trias.
L’ensemble gréseux-argileux supérieur (10 à 27m), porteur
de la minéralisation, est constitué soit de grès grossiers arkosiques, soit de
grès fins, silts et argilites, soit de carbonates (sidérite-ankérite) (Fig.4).
On y observe de nombreux indicateurs paléogéographiques tels que les empreintes
de reptiles, les fentes de dessiccation, les rides de courant.
Le minerai montre un lien étroit avec la paléogéographie
locale marquée par des interlits argileux noirs, réducteurs, qui généralement
forment le toit des horizons minéralisés. Ces interlits présentent des marques
sédimentologiques telles que chenaux, tassements intraformationnels, réseaux
polygonaux de fentes de dessiccation, cannelures, empreintes de reptiles, etc.
L’interprétation de ces signaux conduit à la caractérisation d’une mise en
place précoce des sulfures. Si la précipitation des métaux n’est pas
contemporaine du dépôt de la roche détritique qui lui sert de support, elle lui
succède de très peu (présence de galets minéralisés remaniés juste au dessus
des imprégnations sulfurées).
Fig. (4) : Environnement
lithostratigraphie des minéralisations du Trias de Largentière. (D’après
Foglièrini et al., 1980)
L’étude sédimentologique, des variations latérales de
l’ensemble gréseux-argileux supérieur du terme détritique de la base du Trias
(Fig.5), révèle que les concentrations se situent en position particulière
entre deux domaines de sédimentation bien distincte :
- vers l’aval, un domaine lagunaire caractérisé par la présence de
carbonates et de sulfates associés aux détritiques fins ;
- vers l’amont un domaine de bordure constitué par un faciès
grossier à ciment argileux.
Le domaine minéralisé est en position intermédiaire. Il est
constitué par un faciès de bordure siliceux,
caractérisé par le développement de la silice en ciment intragranulaire
de la roche détritique et par une évolution très brusque de tous les paramètres
sédimentologiques et géochimiques : indices d’émoussé, hétérométrie, rapport
Fe2O3/MnO ….
Fig.(5) : Variations
latérales des paramètres sédimentologiques du terme détritique de base du Trias
dans le secteur de
Largentière. (D’après
Foglièrini et al., 1980)
La localisation des zones minéralisées et la nature des
ciments des roches supports permettent de construire un modèle
paléogéographique qui met en jeu une nappe phréatique d’origine continentale
oxydante et une nappe marine réductrice (Fig.6). Cette dernière est en liaison
avec un bassin à forte concentration en SO4-- , Ca++
et Mg++ avec Cl- et Na+ . Le contact de ces
deux nappes induit des échanges et entraîne la précipitation des éléments
lourds véhiculés par la nappe continentale sous forme ionisée, éventuellement
colloïde ou absorbée. Les eaux acides continentales lessivent donc le continent
et véhiculent le Pb, Zn … en solution. L’interface ou plus exactement la zone
de contact entre les eaux issues du domaine émergé et celle du bassin lagunaire
est le siège de la précipitation des sulfures dans les interstices des
sédiments détritiques poreux et riches en matière organique (Fig.6).
L’origine des métaux lourds peut être donc trouvée dans le
socle hercynien (continent émergé) très anomaliques en Pb, Zn, et Ba, qui lors
de l’altération et de la désagrégation assurent le renouvellement du stock
métal nécessaire à l’élaboration des concentrations connues. Quand au soufre,
elle provienne de la réduction anaérobie des sulfates :
(SO4)2- ======è S2-
S2- +
Métaux ======è Sulfures
Fig.(6) : (a) Bloque
diagramme schématique de la répartition des domaines naturels du terme
détritique de base du Trias. (D’après Foglièrini et al., 1980). (b) : Schéma de
la disposition des nappes à proximité de la bordure du bassin lagunaire. La
disposition a été représentée à l’équilibre, en supposant qu’il n’y a pas
d’écoulement. (D’après Foglièrini et al., 1980)
Comments
Post a Comment